Aucun suspense. La CNV (tout comme l’hypnose, l’EFT, l’EMDR, la PNL, l’AT…) est un outil. Un très bon outil. Si bon, que certains l’ont pris pour une thérapie aboutie.
Il est vrai que soigner notre relation à l’autre ouvre un champ de régulation de soi à soi qui fait grandir. Mais qu’est-ce que la CNV travaille vraiment ?
Son créateur, Marshall Rosenberg l’a rendu célèbre dès les années 1980.
Cet homme avait de grandes qualités de cœur, dont celle, comme naturelle, d’appréhender chaque personne dans sa singularité. À ses yeux unique et si différent de lui, l’Autre en devenait aussi fascinant que respectable.
En psychanalyse, on dirait qu’il était particulièrement bien individué. C’est-à-dire qu’il avait conscience que ce qu’il percevait, ressentait ou pensait lui était propre et qu’en cela, l’autre lui était totalement inconnu.
Notre mental, lui, est terrifié par ce grand inconnu que représente l’Autre. Vivre dans un environnement où on ne peut pas comprendre ce qui se passe revient pour lui à ne rien pouvoir anticiper, à ne rien pouvoir contrôler et à se trouver au combien démuni et impuissant face à la vie !
Alors pour lutter contre cette épouvante (oui, le mental est assez impressionnable ^^), il se met à « donner du sens », à « interpréter » les moindres faits et gestes qui l’entourent.
En plus de la quantité d’énergie que cela lui prend (souvent à la hauteur de son angoisse) il génère, malgré lui, un filtre qui l’éloigne encore plus du monde. Quel paradoxe !
(Si vous souhaitez mieux comprendre cette notion, je vous invite à lire cet article que j’ai écrit le 15/08/23 : « La pratique du « soufflé mental » pour sortir de nos suppositions ».)
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En s’étant positionnée dès ses origines depuis cette place d’individuation, la CNV aide au rétablissement de la rencontre avec l’Autre et ainsi d’avec Soi.
Car oui, l’Autre se constituant pour l’humain comme miroir du Soi, le comprendre aide à lever le voile des suppositions que nous faisons nous aussi sur nous-même.
En cela, elle ne peut se réduire à une thérapie de la communication. Mais, lorsque ce très bon outil est utilisé hors du contexte théorique des processus psychiques d’individuation, il perd malheureusement toute substance.
C’est ce que nous observons lorsque, riches de quelques WE de CNV, une personne nous dit :
« naaan mais quand t’as dit ça, j’me suis sentie hyper tendue et inconfortable dans ma peau. C’était trop lourd pour moi t’sais. J’avais tellement besoin de respect, de partage et d’actualisation de mes potentiels ! » (oui, j’en fait un peu des caisses ^^)
Ici, je force volontairement le trait car il n’est pas facile de retranscrire cette dissonance entre un discours qui tient finalement assez bien la route et un positionnement interne qui lui n’a pas du tout pris la mesure de cet abysse qui sépare deux êtres.
Pourtant, notre cerveau, lui, ne s’y trompe pas. Grâce à la finesse de toutes ses zones de lecture du discours non-verbal, il nous le signale en général très rapidement par de l’agacement, du malaise, de la suspicion, parfois même une envie de rire.
Ceci nous informe aussitôt que si la forme (le discours) est bonne, le fond ne l’est pas (le positionnement interne). Quelque chose ne colle pas. Cette personne qui nous parle CNV ne s’adresse pas à un Autre inconnu d’elle qui lui est à ce point différent qu’il est nécessaire de lui expliquer ce qui se passe en Soi pour qu’un potentiel de compréhension se tisse.
Alors, malgré sa bonne volonté, la parole reste lourde d’une violence latente qui majore bien souvent les conflits.
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Je vous invite donc à étudier la CNV, à la lire et écouter finement tout ce que vous pouvez à son sujet car c’est un outil merveilleux.
Mais je vous invite à en interroger chaque mot, chaque proposition, chaque technique, au regard de cette question de l’individuation, de la différence Moi – Autre immanente à l’humain.
Vous y trouverez ainsi un espace merveilleux d’expérimentation de l’altérité. Vous pourrez damer le pion à votre mental si attaché à ses suppositions et certainement être surpris par « l’étrangeté de l’Autre ».
C’est là son immense richesse qui n’a de pareil que la vôtre. ✨
Entre autres supports pour découvrir la CNV et l’homme admirable qu’était Marshall Rosenberg, je vous propose cette sympathique petite vidéo de 3h !