Ahhh le sucre.
Aliment ? Doudou Ă©motionnel ? Drogue ?
Malheureusement, pour notre cerveau, la balance penche plutĂŽt du cĂŽtĂ© de lâaddiction.
En effet, notre cortex est encore plus rĂ©actif au sucre quâĂ la cocaĂŻne.
Ces substances activent toutes deux ses réseaux dopaminergiques impliqués dans la sensation de récompense.
Cet aspect connecte Ă©videmment le sucre Ă nos Ă©motions.
Nous avons parfois besoin dâun peu de douceur, ou encore dâune satisfaction immĂ©diate, dâun petit je ne sais quoi pour apaiser une tension.
Mais se contenter dâune telle explication serait au combien rĂ©ducteur. Car bien souvent, nos « fringales de sucre » sont physiologiques.
âïžâïžâïž
Aujourdâhui, la mĂ©decine dite de « micronutrition » explique trĂšs bien ce phĂ©nomĂšne.
Lorsque nous mangeons du sucre, mais aussi des sucres dits « lents », des produits transformĂ©s et bien dâautres aliments courants, leur digestion gĂ©nĂšre un « pic glycĂ©mique ».
Celui-ci dĂ©pend pour beaucoup de la nature de lâaliment, de la quantitĂ© dans laquelle il est consommĂ© et de la maniĂšre dont il a Ă©tĂ© prĂ©parĂ©.
Ce problĂšme se rĂ©sume en un terme : « lâindice glycĂ©mique » (note 1) ou IG. (Lequel nâa rien Ă voir avec le taux de glucides de lâaliment.)
Et il est trĂšs intĂ©ressant de se pencher sur cette question car certains aliments sont extrĂȘmement trompeurs.
Par exemple, notre compagnon de table, la baguette de pain blanc : IG 95 sur une Ă©chelle de 0 Ă 100 ! Soit presque autant que du glucose pur (IG 100) ! Une carotte, de prime abord inoffensive IG : 16, triple son IG du simple fait dâĂȘtre cuite ! Elle supplante alors mĂȘme lâabricot qui, dĂ©licieusement sucrĂ©, et encore plus lorsquâil est sĂ©chĂ©, affiche un IG de 30, soit 20 points au-dessous de la moyenne.
Comme câest Ă nây rien comprendre, je vous joins, ci-dessous, un tableau dâIG des aliments « courants ».
Pourquoi cette question dâIG est-elle si importante dans notre appĂ©tence au sucre ?
Tout simplement parce quâune hyperglycĂ©mie, c’est-Ă -dire lâeffet de ce pic glycĂ©mique post prandial, provoque, peu de temps aprĂšs, une hypoglycĂ©mie.
En somme, le raz de marĂ©e des glucides qui sâabat sur nous aprĂšs manger est pris dâassaut par lâinsuline. Celle-ci tente de protĂ©ger notre organisme de cette invasion toxique (car oui, passĂ© un certain seuil, le glucose devient toxique) mais ce « sucre », une fois totalement « canalisĂ© » (stockĂ© en graisses notamment), vient ensuite Ă manquer. Paradoxe !
Et câest alors que nous ressentons comme une petite fringale, disons⊠90 minutes aprĂšs le repas.
Le cercle infernal commence.
Pour répondre à cette « petite faim », arrive le grignotage.
Son IG Ă©tant bien souvent Ă©levĂ©, celui-ci entraĂźne un nouveau pic glycĂ©mique, qui gĂ©nĂšre Ă son tour une autre fringale⊠et plus le grignotage est « sucrĂ© » (fort IG) mais petit, plus le temps entre le prochain appel au sucre est raccourci…
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Mais ce nâest pas tout !
Lorsque notre alimentation est trop riche en sucres (et sucres déguisés), se développent, dans notre appareil digestif, des taux pathogÚnes de bactéries et de champignons. Parmi eux, le fameux « candida albicans ».
Naturellement prĂ©sent dans notre microbiote (ensemble des bĂ©bĂȘtes de notre appareil digestif), ce champignon se nourrit principalement de sucres.
Lorsquâil en a beaucoup Ă disposition, sa population augmente dĂ©mesurĂ©ment et sâexprime bien souvent par lâapparition de mycoses et autres soucis de santĂ©. BonâŠ
Sauf que ce petit coquinou Ă©tant grand mangeur de sucre, lorsquâil a faim, il nous en rĂ©clame ! Et son exigence est aussi directe quâimpĂ©rieuse !
Pour vous dire, jâai eu reçu une patiente si infestĂ©e de candidas quâelle devait se relever la nuit pour manger du sucre !
LĂ encore, ce ne sont pas nos Ă©motions qui sont Ă lâorigine de ces envies de sucrĂ©. Et il existe bien dâautres substances qui peuvent dĂ©rĂ©gler notre rapport au sucre.
Parmi elles, lâune des plus connue et rĂ©pandue dans la population : le cannabis.
Connu pour « ouvrir lâappĂ©tit » sa consommation dĂ©clenche des fringales, donc des pics glycĂ©miques. Celles-ci provoquent bien Ă©videmment les mĂȘmes consĂ©quences que les hyperglycĂ©mies que nous Ă©voquions prĂ©cĂ©demmentâŠ
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Comme toujours, il importe de penser lâhumain dans son ensemble avant dâaccuser des troubles Ă©motionnels comme facteurs dâappels au sucre.
Mais tout reste cependant liĂ©. Car si nos Ă©motions ne sont pas forcĂ©ment Ă lâorigine de nos envies de sucre, sa consommation, elle, impacte fortement notre Ă©tat Ă©motionnel.
ConsommĂ© en grande quantitĂ© (et sous diverses formes, mĂȘme cachĂ©es), le sucre nourrit lâanxiĂ©tĂ©, le manque de rĂ©sistance Ă la frustration, lâimpulsivitĂ©, lâĂ©motivitĂ©, les troubles de lâhumeur, la sensation de flou mental, les troubles de lâattention, les difficultĂ©s dans la prise de dĂ©cisions Ă©clairĂ©es…
En dĂ©coule une sensation de perte de confiance en soi, de perte dâestime de soi, jusqu’aux troubles anxio-dĂ©pressifs qui guettent les plus dĂ©pendants.
Vertigineux nâest-ce pas ?
Heureusement, Jessie InchauspĂ© a analysĂ© lâensemble des recherches de ces 5 derniĂšres annĂ©es Ă ce sujet.
Non contente de les avoir Ă©tudiĂ©es, elle en a aussi testĂ© chaque hypothĂšse sur elle-mĂȘme via une sonde glycĂ©mique qui lui a permis de suivre ses taux de glucose en temps rĂ©el et suivant ce quâelle consommait.
Elle en a déduit 5 principes simples et pratiques :
đžNe JAMAIS couper un jeĂ»ne (nocturne) avec du sucrĂ©.
đčConsommer une cuillĂšre Ă soupe de vinaigre en dĂ©but de repas.
đžManger chaque repas dans lâordre : lĂ©gumes / protĂ©ines – graisses / sucres (lents voire rapides)
đčBouger au moins 10 mn aprĂšs chaque repas.
đžĂviter les collations Ă fort indice glycĂ©mique.
Auxquels on peut ajouter :
đčLimiter la consommation dâaliments transformĂ©s et ultra-transformĂ©s.
đžPrendre soin des modes de cuisson, voire les rĂ©duire ou manger cru.
Note 1 : Lâindex glycĂ©mique correspond Ă un calcul basĂ© sur la courbe du taux de glucides dans le sang mesurĂ© des suites de lâingestion de tel ou tel aliment. Cette courbe est comparĂ©e Ă celle dâaliments ârĂ©fĂ©rentsâ comme le glucose dont lâIG est de 100.
Il faut pourtant noter que chaque personne ayant un mĂ©tabolisme diffĂ©rent, cet index glycĂ©mique peut varier dâun individu Ă lâautre.
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