Elsa Domenech

Ahhh le sucre 🍰

Ahhh le sucre.

Aliment ? Doudou Ă©motionnel ? Drogue ?
Malheureusement, pour notre cerveau, la balance penche plutĂŽt du cĂŽtĂ© de l’addiction.

En effet, notre cortex est encore plus rĂ©actif au sucre qu’à la cocaĂŻne.
Ces substances activent toutes deux ses réseaux dopaminergiques impliqués dans la sensation de récompense.
Cet aspect connecte Ă©videmment le sucre Ă  nos Ă©motions.
Nous avons parfois besoin d’un peu de douceur, ou encore d’une satisfaction immĂ©diate, d’un petit je ne sais quoi pour apaiser une tension.

Mais se contenter d’une telle explication serait au combien rĂ©ducteur. Car bien souvent, nos « fringales de sucre » sont physiologiques.

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Aujourd’hui, la mĂ©decine dite de « micronutrition » explique trĂšs bien ce phĂ©nomĂšne.

Lorsque nous mangeons du sucre, mais aussi des sucres dits « lents », des produits transformĂ©s et bien d’autres aliments courants, leur digestion gĂ©nĂšre un « pic glycĂ©mique ».
Celui-ci dĂ©pend pour beaucoup de la nature de l’aliment, de la quantitĂ© dans laquelle il est consommĂ© et de la maniĂšre dont il a Ă©tĂ© prĂ©parĂ©.
Ce problĂšme se rĂ©sume en un terme : « l’indice glycĂ©mique » (note 1) ou IG. (Lequel n’a rien Ă  voir avec le taux de glucides de l’aliment.)

Et il est trĂšs intĂ©ressant de se pencher sur cette question car certains aliments sont extrĂȘmement trompeurs.
Par exemple, notre compagnon de table, la baguette de pain blanc : IG 95 sur une Ă©chelle de 0 Ă  100 ! Soit presque autant que du glucose pur (IG 100) ! Une carotte, de prime abord inoffensive IG : 16, triple son IG du simple fait d’ĂȘtre cuite ! Elle supplante alors mĂȘme l’abricot qui, dĂ©licieusement sucrĂ©, et encore plus lorsqu’il est sĂ©chĂ©, affiche un IG de 30, soit 20 points au-dessous de la moyenne.
Comme c’est Ă  n’y rien comprendre, je vous joins, ci-dessous, un tableau d’IG des aliments « courants ».

Pourquoi cette question d’IG est-elle si importante dans notre appĂ©tence au sucre ?
Tout simplement parce qu’une hyperglycĂ©mie, c’est-Ă -dire l’effet de ce pic glycĂ©mique post prandial, provoque, peu de temps aprĂšs, une hypoglycĂ©mie.
En somme, le raz de marĂ©e des glucides qui s’abat sur nous aprĂšs manger est pris d’assaut par l’insuline. Celle-ci tente de protĂ©ger notre organisme de cette invasion toxique (car oui, passĂ© un certain seuil, le glucose devient toxique) mais ce « sucre », une fois totalement « canalisĂ© » (stockĂ© en graisses notamment), vient ensuite Ă  manquer. Paradoxe !
Et c’est alors que nous ressentons comme une petite fringale, disons
 90 minutes aprùs le repas.
Le cercle infernal commence.
Pour répondre à cette « petite faim », arrive le grignotage.
Son IG Ă©tant bien souvent Ă©levĂ©, celui-ci entraĂźne un nouveau pic glycĂ©mique, qui gĂ©nĂšre Ă  son tour une autre fringale
 et plus le grignotage est « sucrĂ© » (fort IG) mais petit, plus le temps entre le prochain appel au sucre est raccourci…

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Mais ce n’est pas tout !

Lorsque notre alimentation est trop riche en sucres (et sucres déguisés), se développent, dans notre appareil digestif, des taux pathogÚnes de bactéries et de champignons. Parmi eux, le fameux « candida albicans ».

Naturellement prĂ©sent dans notre microbiote (ensemble des bĂ©bĂȘtes de notre appareil digestif), ce champignon se nourrit principalement de sucres.
Lorsqu’il en a beaucoup Ă  disposition, sa population augmente dĂ©mesurĂ©ment et s’exprime bien souvent par l’apparition de mycoses et autres soucis de santĂ©. Bon

Sauf que ce petit coquinou Ă©tant grand mangeur de sucre, lorsqu’il a faim, il nous en rĂ©clame ! Et son exigence est aussi directe qu’impĂ©rieuse !
Pour vous dire, j’ai eu reçu une patiente si infestĂ©e de candidas qu’elle devait se relever la nuit pour manger du sucre !

LĂ  encore, ce ne sont pas nos Ă©motions qui sont Ă  l’origine de ces envies de sucrĂ©. Et il existe bien d’autres substances qui peuvent dĂ©rĂ©gler notre rapport au sucre.
Parmi elles, l’une des plus connue et rĂ©pandue dans la population : le cannabis.
Connu pour « ouvrir l’appĂ©tit » sa consommation dĂ©clenche des fringales, donc des pics glycĂ©miques. Celles-ci provoquent bien Ă©videmment les mĂȘmes consĂ©quences que les hyperglycĂ©mies que nous Ă©voquions prĂ©cĂ©demment


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Comme toujours, il importe de penser l’humain dans son ensemble avant d’accuser des troubles Ă©motionnels comme facteurs d’appels au sucre.

Mais tout reste cependant liĂ©. Car si nos Ă©motions ne sont pas forcĂ©ment Ă  l’origine de nos envies de sucre, sa consommation, elle, impacte fortement notre Ă©tat Ă©motionnel.
ConsommĂ© en grande quantitĂ© (et sous diverses formes, mĂȘme cachĂ©es), le sucre nourrit l’anxiĂ©tĂ©, le manque de rĂ©sistance Ă  la frustration, l’impulsivitĂ©, l’émotivitĂ©, les troubles de l’humeur, la sensation de flou mental, les troubles de l’attention, les difficultĂ©s dans la prise de dĂ©cisions Ă©clairĂ©es…
En dĂ©coule une sensation de perte de confiance en soi, de perte d’estime de soi, jusqu’aux troubles anxio-dĂ©pressifs qui guettent les plus dĂ©pendants.

Vertigineux n’est-ce pas ?
Heureusement, Jessie InchauspĂ© a analysĂ© l’ensemble des recherches de ces 5 derniĂšres annĂ©es Ă  ce sujet.
Non contente de les avoir Ă©tudiĂ©es, elle en a aussi testĂ© chaque hypothĂšse sur elle-mĂȘme via une sonde glycĂ©mique qui lui a permis de suivre ses taux de glucose en temps rĂ©el et suivant ce qu’elle consommait.

Elle en a déduit 5 principes simples et pratiques :
🔾Ne JAMAIS couper un jeĂ»ne (nocturne) avec du sucrĂ©.
đŸ”čConsommer une cuillĂšre Ă  soupe de vinaigre en dĂ©but de repas.
🔾Manger chaque repas dans l’ordre : lĂ©gumes / protĂ©ines – graisses / sucres (lents voire rapides)
đŸ”čBouger au moins 10 mn aprĂšs chaque repas.
🔾Éviter les collations Ă  fort indice glycĂ©mique.

Auxquels on peut ajouter :
đŸ”čLimiter la consommation d’aliments transformĂ©s et ultra-transformĂ©s.
🔾Prendre soin des modes de cuisson, voire les rĂ©duire ou manger cru.

Note 1 : L’index glycĂ©mique correspond Ă  un calcul basĂ© sur la courbe du taux de glucides dans le sang mesurĂ© des suites de l’ingestion de tel ou tel aliment. Cette courbe est comparĂ©e Ă  celle d’aliments “rĂ©fĂ©rents” comme le glucose dont l’IG est de 100.
Il faut pourtant noter que chaque personne ayant un mĂ©tabolisme diffĂ©rent, cet index glycĂ©mique peut varier d’un individu Ă  l’autre.

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Si vous souhaitez Ă©couter Mme Jessie InchauspĂ© vous expliquer bien mieux que moi ces questions de nos rapports au sucre et le pourquoi des solutions qu’elle propose, je vous joins l’une de ses interviews que j’ai trouvĂ©e la plus complĂšte. Ci-dessous, encore deux listes non exhaustives d’IG (Index GlycĂ©mique). En vous souhaitant un agrĂ©able sevrage tout en douceur.
Crédit photos : https://www.elveapharma.com/wp-content/uploads/2017/02/indices-glycemiques.pdf
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